LE TYPONOCLASTE
La famille des Zociales est apparue au cours du XIXe siècle quand il s’avéra nécéssaire de créer une aide à la lecture pour le prolétariat urbain, qui désormais se devait de lire et écrire gratuitement dans les écoles de la république Juleferryesque. Note : les zociales se caractérisent par leurs courbes. Les lettres les plus caractéristiques sont C, A, F et R, S, A qui se distinguent de leur équivalent en grosesque et laisseront leur empreinte dans le tracé des formulaires de la Caisse d’Allocations Familiales actuelle (via un parcours complexe, cependant). Les lettres ne sont, au départ, pas séparées mais un petit espace permet de ne pas trop parler le ouaich-ouaich écrit du XIXe siècle. La ponctuation est, hormis ce point, quasiment absente et comme l’écriture n’est pas encore bicamérale, on se sert parfois d’une grande lettre pour marquer les débuts de page voire de phrase.
CONÇUE en 1998, l’ASOCIALE est une fonte de la famille des crétinacées supérieures, une branche de la typonocratie dont les fontes ne sont à n’utiliser qu’en cas de forte chaleur ou de froid intense pour éviter les regards croisés. Ne s’accordant avec aucune autre police dans une mise en page simple il est recommandé de l’utiliser seule puis de détruire son travail avant qu’un collègue, ou pire, un client, ne constate qu’on l’a utilisée. LA POLICE INAPTE À LA VIE EN SOCIÉTÉ. Pessimiste, négative, pas gentille car misanthrope, pas curieuse non plus, je suis comme un gros rien qui méprise le monde : qui veux être mon ami ? Qui est comme moi ?
Cette fonte fut réalisée en 2001, à l’occasion d’un colloque congratulatoire des professions associatives du secteur social où le champagne et les petits fours coulaient à flôts dans les bedaines repues des directeurs invités. Initialement conçue pour composer la mise en page du menu de l’orgie finale elle fut finalement adoptée par un couple de travailleurs sociaux au chômage pour composer leur C.V dans l’espoir de retrouver du travail. LA POLICE DES CAS SOCIAUX Que l’on nous parle de « cas sociaux», à quoi songeons-nous ? À ces familles pauvres, marquées «au saut de l’utérus» par un atavisme fangeux ? À d’obscurs villages incestueux où la rapine et l’alcoolisme se transmettent de génération en génération ? À ces pères ou ces mères violents, pédophiles, imbibés de mauvais alcool, gobeurs de neuroleptiques et déchus de tous droits parentaux ? À ces gens trop immatures pour s’occuper d’eux-mêmes au point de se voir imposer une « tutelle » ? À QUATRE GÉNÉRATIONS DE COUSINS ALCOOLIQUES QUI BAISENT ENSEMBLE?
1999, grâce à l’avènement d’un nouvel ordre esthétique mondial une vague d’épuration typographique fut décrétée et une chasse aux graphistes mous et aux typographes dont les habitudes douteuses pouvaient entraîner toute forme de relachements. La DELATIO fut créée pour dénoncer ces pratiques contre nature qui entravaient la formidable marche en avant des arts appliqués qu’on applique à la main. POUR DENONCER SES VOISINS Vos voisins mettent de la musique à fond jusqu’à des heures où on a bu ? Vous supputez qu’ils se piquent au hashish et même qu’ils fument du LSD ? La fille est toujours habillée bizarrement, et vous la soupçonnez d’avoir une vie >>>>>> sexuelle !? Rédigez une note à l’administration, grâce à cette fonte étudiée tout spécialement pour réussir toutes vos lettres de dénonciation.
CONÇUE en 2008, FAKEFONT est un travail de commande. Un travail de commande consiste à recevoir des ordres et de les exécuter, un ordre éxécuté sombre dans le désordre et la commande devient vite un tantinet bordélique, ce qui n’était pourtant pas souhaité ni même désirable car souvent repoussant. POURTANT, il reste un résultat, même si celui ci est tranché à vif de son intention première qui était de répondre à une commande. s’il eut s’agit d’un travail de demande le résultat eut été plus probant. MAIS... CETTE FONTE EST UN FAUX !!! Une fausse fonte ne fond pas, probablement parce qu’elle n’est pas en chocolat, mais sa non véracité la limite toutefois à un usage assez restreint ELLE A TOUT FAUX !
Débutée en 1993 comme un prémice à l’utilisation du logiciel Fontographer, cette police partait d’un bon sentiment qui s’avéra vite limité par la maitrise de l’outil pour le concevoir. Abandonné au fond d’un disque dur pendant plus d’une décennie ce n’est qu’en 2006 qu’il fut exhumé et devint un exhutoire à la noble intention d’aide à la lecture rapide qui l’animait. Pourtant le résultat eut comme résultat de faire perdre leurs emplois à nombre de graphistes qui l’utilisèrent et il en résultat un nouveau nom de baptème stupide mais approprié. À N’UTILISER QU’AU RISQUE DE SE FAIRE VIRER ! Vous avez été licencié et entendez contester votre licenciement que vous considérez injustifié. Hélas, en cas d’utilisation de cette fonte aucun recours ne pourra être obtenu par un salarié plaignant auprés d’un tribunal. C’est pourquoi elle est souvent installée par défaut sur les ordinateurs du personnel encombrant dont on souhaite se débarrasser proprement et rapidement.
En 2003 s’amorça un grand virage radical suite à la peur de l’an 2000 et dans l’appréhention de 2004, année fatidique où, suivant le calendrier maya, la culture allait ravager les esprits faibles en se transformant en spectacle marchand. Toute action entraine une réaction et c’est avec une intention purement réactionnaire que, sans l’aide du baron, fut dessinée cette police qui permet aux monstres de froideur que sont les ordinateurs de se réchauffer en écrivant avec un outil d’écriture qui fit les beaux jours des écoliers des 60’s lorsque leurs instituteurs se battaient pour continuer à leur faire apprendre l’écriture à la plume, ô tempora, ô mores. UTOPINE... DEUX CHEVAUX ! Dans le langage courant actuel, «utopique» veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. Or, paradoxalement, les auteurs qui ont créé le mot, puis illustré le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516, avaient plutôt pour ambition d’élargir le champ du possible, et d’abord de l’explorer. Et l’épanouissement du genre utopique correspond à une période où l’on pense, justement, que, plutôt que d’attendre un monde meilleur dans un au-delà providentiel, les hommes devraient construire autrement leurs formes d’organisation politique et sociale pour venir à bout des vices, des guerres et des misères. L’utopie, c’est un heureux effort de l’imagination pour explorer et représenter le possible.
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